La commune de Koksijde invite la plateforme collaborative Welchrome à concevoir un commissariat d’exposition pour le centre d’art Ten Bogaerde. « In de steigers » – littéralement « dans les échafaudages » et, au sens figuré, « en construction » – cherche à porter un point de vue contemporain sur l’histoire riche et complexe du site de Ten Bogaerde qu’occupe le Kunstencentrum. Cette imposante grange dont les murs les plus anciens remontent au XIIIème siècle dépendait de la puissante abbaye de Ten Duinen, située à quelques kilomètres de là. Remaniée plusieurs fois, la grange a changé de fonction au cours de l’histoire pour devenir en 2016 – suite à la réhabilitation des architectes Govaert-Vanhoutte – un écrin pour des expositions d’art contemporain.
À travers un ensemble d’œuvres contemporaines qui entrent en tension avec l’architecture du lieu, « In de steigers » propose une expérience ludique et réflexive sur la manière dont une construction s’inscrit dans le temps. Conçu comme un pendant de l’exposition patrimoniale « Bouwen voor de eeuwigheid » (Construire pour l’éternité) qui se déroule au même moment au musée de l’abbaye Ten Duinen, le projet de Welchrome réactive les liens historiques entre les deux sites pour confronter le présent au passé.
Loin de figer ou de sanctuariser le site de Ten Bogaerde, l’exposition rassemble des œuvres qui surprennent, bousculent et interrogent le visiteur. Ainsi, Adrien Tirtiaux réalise une installation contextuelle dans laquelle il fait référence à la toute proche Tour de l’Yser. L’histoire mouvementée de ce monument controversé des années 1930, à la fois mémorial pour la paix et symbole de l’émancipation flamande, cristallise encore aujourd’hui beaucoup de tensions. L’artiste matérialise l’ombre monumentale de la tour qui se dessine sur le sol pour passer à travers le Kunstencentrum.
Dans un autre registre mais tout aussi monumentale, la sculpture de Marie Hendriks, Wim & Johanna, imposant gâteau en céramique au décor baroque, nous projette dans une architecture fantasmée qui nous place dans une position d’enfant entre émerveillement et doux malaise. À la croisée de la performance et de l’installation, Claude Cattelain crée quant à lui des pièces à partir de son propre corps qui lui permettent d’expérimenter les limites de l’espace en mettant à l’épreuve sa capacité de résistance et celle des matériaux qu’il emploie. Pour In de steigers, il réalise deux œuvres in situ qui entrent en confrontation avec l’architecture du bâtiment. La tension est également au cœur de la démarche de Sarah Fеuіllаѕ dont les sculptures et la photographie renvoient à l’architecture des bunkers mais peuvent également évoquer des ruines de temples d’une civilisation disparue.
Deux œuvres du peintre Michaël Borremans issues de la collection du S.M.A.K., le musée d’art contemporain de Gand, complètent ce parcours. De dimensions modestes, ces représentations hors du temps dérèglent les rapports d’échelle. Une des deux peintures met en scène une sorte de « maison » qui ressemble étrangement à une grange. Placée au sein d’un paysage, cette construction nous renvoie à l’architecture même du lieu d'exposition qui laisse apparaître l’horizon à travers ses larges baies vitrées. L’expérience des œuvres invite in fine le visiteur à contempler ce qui l’entoure et à réfléchir à ce que notre époque laissera derrière elle.
In de steigers associe la ville de Koksijde - Oostduinkerke à la plateforme collaborative Welchrome de Boulogne-sur-Mer.
Ce projet de coopération culturelle est soutenu par la Communauté flamande de Belgique et la Région Hauts-de-France.