Le magasin des Anciens thermes nationaux d’Aix-les-Bains regorge encore de matériaux de toute sorte plus ou moins identifiés : supports de blocs notes, patères en métal, morceaux de silicone, etc. Sarah Feuillas, comme Mengzhi Zheng, y a glané certains objets lors de leur première visite des lieux. Elle a besoin de les voir posés sur sa grande table de travail ou au sol autour d’elle. Entretenir avec eux une proximité physique et sensible durant les quatre semaines de résidence lui est nécessaire – même si ces éléments ne lui serviront pas à fabriquer ses œuvres.
En cet été 2018, le bâtiment déserté, destiné à une reconversion maintenant imminente, est temporairement un lieu de résidence d’artiste : Solarium Tournant a invité Sarah Feuillas, Laurent Millet et Mengzhi Zheng a une session de recherche et de production sur place suivie d’une exposition à venir en septembre. Les deux bassins rectangulaires font office d’ateliers, tandis que la piscine principale est dédiée à l’exposition des œuvres produites à cette occasion.
Solarium intervient pour Sarah Feuillas dans une succession de résidences artistiques, toutes liées par les questions d’architecture et de temps et par la production d’après des formes choisies in situ, toutes faisant la part belle à l’expérimentation.
Être dans le lieu, penser à partir de lui et de ce qui le compose – objets, matières, motifs, volumes –, se projeter mentalement dans ses différents espaces et ses nombreux recoins inaccessibles, tel est le processus mis en œuvre par Sarah Feuillas, ici comme dans les autres lieux qu’elle a habités momentanément lors de résidences artistiques.
Que ce soit en Palestine, à Détroit, à Tchernobyl ou dans ces anciens thermes, l’histoire des lieux et leur fixation dans un temps arrêté est ce qui meut l’artiste et motive sa pratique. Dans le cas de Solarium, la résidence se situe dans un espace alors dans un entre-deux de son histoire, un moment suspendu entre son usage premier et une autre destination qui fera table rase de son passé.